Chaque année, dès que la NFL dévoile le calendrier officiel (généralement en mai), les débats fusent : « Les Pats ont un calendrier de rêve cette année ! » ou au contraire « C'est encore une saison infernale… ».
En 2025, les New England Patriots ont hérité d'un calendrier souvent qualifié de « facile » par les analystes, basé sur les performances de 2024 de leurs adversaires. Mais avant de crier victoire (ou de se plaindre), il est essentiel de comprendre comment ce calendrier est réellement construit, et surtout pourquoi l'idée même d'un calendrier « facile » ou « difficile » est largement trompeuse.
1. Comment la NFL construit-elle le calendrier ? Un processus ultra-complexe (et pas du tout aléatoire)
Contrairement à ce que beaucoup imaginent, le calendrier NFL n'est pas tiré au sort ni décidé par un commissaire malveillant qui veut punir telle ou telle équipe. C'est un travail titanesque réalisé par une équipe dédiée au sein de la ligue, dirigée par des vice-présidents comme Michael North (broadcast planning (Michael North et Onnie Bose), et qui utilise depuis plusieurs années la puissance de calcul d'Amazon Web Services (AWS) pour générer des milliers (voire des millions) de versions possibles.
La formule de base est fixe et connue de tous depuis l'ajout du 17e match en 2021 :
Pour les Patriots en 2025 (après avoir terminé 4e de l'AFC East en 2024), cela donne concrètement :
À domicile (9 matchs) : Bills, Dolphins, Jets, Browns, Steelers, Falcons, Panthers, Raiders, Giants
À l'extérieur (8 matchs) : Bills, Dolphins, Jets, Ravens, Bengals, Saints, Buccaneers, Titans
Le lieu (home/away) pour les matchs hors-division est prédéterminé par un cycle de rotation sur plusieurs années, afin d'assurer l'équité à long terme.
Une fois les adversaires fixés (dès janvier, après la fin de saison précédente), la NFL doit placer ces 272 matchs (16 équipes x 17) sur 18 semaines en respectant des centaines de contraintes :
Le processus dure des mois et génère des milliers de scénarios avant que la version finale ne soit validée. Ce n'est donc pas « les Pats ont eu de la chance », c'est simplement le résultat d'une formule mathématique rigoureuse.
2. Pourquoi dire « le calendrier est facile » n'a (presque) aucun sens
C'est là que ça devient intéressant. Chaque printemps, les sites et analystes publient un classement « Strength of Schedule » (SOS) basé sur le pourcentage de victoires des adversaires de l'année précédente. En 2025, les Patriots avaient l'un des calendriers les plus « faciles » sur le papier : adversaires avec un bilan cumulé autour de .429 (30e plus faible de la ligue). Seuls les 49ers et Saints étaient « plus chanceux ».
Mais ce chiffre est extrêmement trompeur, et voici pourquoi :
a) Les performances d'une année sur l'autre varient énormément
La NFL est la ligue la plus paritaire des sports US. Environ la moitié des équipes qui font les playoffs une année les ratent la suivante. Exemples récents :
Résultat : le SOS basé sur l'année N-1 ne prédit quasiment rien. Des études (comme celle de FiveThirtyEight ou Sharp Football Analysis) montrent que seulement 3-6 % de la vraie difficulté future est expliquée par les résultats passés. En clair, c'est à peine mieux que lancer une pièce.
b) L'effet « cercle vicieux/vertueux »
Plus une équipe gagne, plus son propre match, plus son SOS paraît faible rétroactivement (parce que vous avez ajouté une défaite à chacun de vos adversaires). Les Patriots invaincus de 2007 avaient un SOS « facile »… parce qu'ils avaient battu tout le monde ! Inversement, une équipe qui perd tout perd fait paraître son calendrier « dur ».
c) Les facteurs qui comptent vraiment ne sont pas dans le SOS classique
En 2025, les Patriots ont commencé la saison avec un bilan très positif (9-2 à mi-novembre d'après les dernières mises à jour), malgré des adversaires comme les Ravens, Steelers ou Bills x2 qui étaient censés être costauds. Et pourtant, plusieurs « faibles » équipes de 2024 (comme les Browns ou les Panthers) se sont révélées bien plus compétitives que prévu.
d) Historiquement, ça ne marche pas
Regardez les dernières années :
La corrélation entre SOS pré-saison et bilan final est proche de zéro.
Conclusion : concentrez-vous sur votre équipe, pas sur le papier
Le calendrier NFL est une œuvre d'ingénierie impressionnante conçue pour l'équité à long terme et le spectacle. Pour les Patriots en 2025, il était théoriquement clément parce qu'ils avaient terminé derniers de division en 2024 – c'est la récompense (ou punition ?) du système. Mais dire qu'il est « facile » revient à dire « l'herbe est verte » : ça ne veut rien dire de concret.
La vraie difficulté d'un calendrier ne se révèle qu'en janvier, une fois la saison jouée. Ce qui compte, c'est comment votre équipe joue, comment le coaching gère la profondeur de banc, la gestion des blessures, et un peu de chance. Les Patriots de Mike Vrabel nous le prouvent cette année : même avec un calendrier « facile », il faut aller chercher les victoires.
Alors la prochaine fois que vous entendez « les Pats ont un calendrier facile », souriez et répondez : « On verra en semaine 18 ». Parce qu'en NFL, le seul calendrier qui compte vraiment, c'est celui que vous écrivez vous-même sur le terrain.
Igor the Gator, membre du Staff du FCFNEP
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